Le Président Emmanuel Macron a annoncé le 08 mai 2024, plusieurs mesures visant à améliorer la fertilité en France, notamment le lancement d’un « check-up fertilité » dès l’âge de 20 ans. Lors de son interview accordée au magazine Elle, il a souligné que « le taux de fécondité est de 1,8 et le taux de désir d’enfant s’établit à 2,3 ». Si cette initiative part d’une bonne intention, elle soulève de nombreuses questions sur son efficacité réelle et ses implications pour les jeunes adultes. En tant que facilitatrice en transition du féminin, je souhaite partager mon avis sur cette proposition et explorer les véritables enjeux derrière la baisse de la natalité en France.
Les vraies raisons de la baisse de la natalité
Selon moi et après avoir écouté des gynécologues qui se sont exprimés sur ce sujet, la baisse de la natalité en France ne peut être attribuée uniquement à des problèmes de fertilité. En réalité, plusieurs facteurs sociétaux et économiques jouent un rôle essentiel :
- Les français veulent moins d’enfants
- À l’instar de nos voisins européens, de nombreux Français choisissent d’avoir moins d’enfants, voire pas du tout. Les aspirations personnelles et les modes de vie évoluent, influençant ainsi les décisions de parentalité.
- Pessimisme et incertitudes
- Beaucoup de gens sont pessimistes quant à l’avenir et se demandent quel monde ils laisseront à leurs enfants. Les préoccupations environnementales et sociales rendent certains réticents à fonder une famille.
- Difficultés financières
- Le coût de la vie et les difficultés à obtenir des services de garde d’enfants abordables sont des obstacles majeurs. Pour certains couples, le coût de la garde d’un enfant peut être aussi élevé que le salaire d’un des deux parents, rendant la décision d’avoir des enfants financièrement difficile.
L’inutilité potentielle du check-up fertilité
Le « check-up fertilité » proposé à 20 ans, incluant des tests comme le spermogramme et l’évaluation de la réserve ovarienne (AMH et comptage des follicules), semble attrayant à première vue. Cependant, cette initiative présente plusieurs limites :
- Prédiction de la fertilité
- Actuellement, il est impossible de prédire avec précision la fertilité future d’un homme ou d’une femme. Les tests proposés sont utiles pour diagnostiquer l’infertilité, mais ne permettent pas de prédire les chances de concevoir spontanément. Comme le souligne Emmanuel Macron, l’objectif est d’« établir un bilan complet », mais cela peut ne pas fournir les informations utiles attendues.
- Stress et anxiété
- Recevoir un bilan de fertilité à un jeune âge pourrait générer du stress et de l’angoisse sans fournir de solutions concrètes. Les résultats peuvent être mal interprétés et causer des inquiétudes inutiles.
- Accès aux soins
- Le manque de ressources pour prendre en charge les couples infertiles. Les délais d’attente pour accéder aux centres de PMA sont déjà très longs, atteignant parfois plusieurs mois, voire plusieurs années. Emmanuel Macron a indiqué son intention d’« ouvrir aux centres privés l’autoconservation ovocytaire » pour réduire ces délais.
- Fausse promesse de la préservation ovocytaire ?
- “Faire croire aux femmes que la préservation ovocytaire leur permettra de concevoir à l’âge qu’elles souhaitent est une promesse médicalement incertaine. Ce parcours est souvent difficile et ne garantit pas le succès” indique @mon.gyneco sur Instagram. « Nous allons organiser des campagnes en faveur de l’autoconservation d’ovocytes pour les femmes qui veulent avoir des enfants plus tard », a déclaré Macron, mais cette solution ne doit pas être perçue comme une garantie.
Une véritable politique familiale
Pour répondre efficacement aux défis liés à la fertilité et à la baisse de la natalité, il est essentiel d’adopter une approche globale et bien informée :
- Consultation d’information
- Proposer une consultation d’information entre 18 et 25 ans pour éduquer les jeunes sur les cycles menstruels, la fertilité et les facteurs qui peuvent l’affecter. Cette démarche permettrait aux jeunes adultes de mieux comprendre leur corps et de prendre des décisions éclairées.
- Soutien aux couples infertiles
- Augmenter les moyens alloués à la prise en charge des couples infertiles. Réduire les délais d’attente et améliorer l’accès aux traitements de PMA sont des priorités cruciales.
- Préservation ovocytaire
- Sensibiliser les femmes aux réalités de la préservation ovocytaire. Bien que cette technique offre des possibilités, elle ne garantit pas une grossesse future et le processus peut être difficile.
« Toute femme doit disposer librement de son corps »
Les annonces d’Emmanuel Macron concernant la fertilité et la PMA sont une étape cruciale vers une meilleure prise en charge de la santé reproductive des femmes en France. « Toute femme doit disposer librement de son corps », a-t-il déclaré, soulignant l’importance de respecter les choix individuels tout en encourageant une politique familiale proactive. En tant que facilitatrice en transition du féminin, je salue ces initiatives tout en appelant à une mise en œuvre rigoureuse et à des efforts supplémentaires pour soutenir les femmes dans leur parcours vers la maternité. Chaque femme devrait avoir la liberté de choisir quand et comment elle souhaite devenir mère, sans être limitée par des obstacles biologiques ou financiers.
Des ressources complémentaires :
- “J’ai appris à être heureuse sans enfants”, se reconstruire après plusieurs échecs de PMA
- Blog PMA : témoignages et conseils fertilité (odysseefertile.com)
- PMA : Pour Mieux Accompagner le désir d’enfanter [WEBINAR] (youtube.com)
- Devenir une mère épanouie grâce à la psychogénéalogie
- 7 clés pour bien vivre la transition vers la maternité
- Comment surmonter le deuil périnatal ?
- Se reconnecter à son corps pour faire face aux bouleversements de la vie